lundi 5 mars 2007

Décrochage

Le tic tac continue et les mots se disposent à la façon d’un bouquet japonais : avec de grands vides au milieu. Si le souvenir des moments communs s’estompe, les chemins que tracent ceux qui t’ont croisé sont la preuve de ton passage. Tu sens ? Il y a dans leurs pas ton effluve, comme celle, tenace et lointaine, d’un bouquet de mimosas.

Je suis restée sur les anciens repères : la 206 bleue, un commerçant, le bureau de poste, une marque de chaussures, un paysage, une plage. Je ne sais pas pourquoi je dis ancien : sans doute parce tu sors de mon champ de vision quand je te cherche encore dans la 206, alors que tu roules en scooter. Y a des trucs comme ça.

C’est sûr qu’on aurait été tous mieux à attendre ensemble. Mais est-ce que ç’aurait été mieux pour toi aussi ?

En attendant d’hypothétiques retrouvailles, il y a une boite exotique sur la table de chevet, la litho de Schiele au mur, la musique de Chet Baker en fin d’après midi, deux tickets de cinéma sur le bureau, deux boites en porcelaine dans la salle de bains.

C’est le parcours balisé de ma mémoire. Des bouts de toi pour se lever, écrire, se laver un peu quand même, dormir. Et recommencer.
nat