mercredi 3 octobre 2007

Octobre

Y a quoi ? trois semaines. Je suis allée chez ED, tu sais le pendant de Carrouf, pour ceux comme moi qui n’ont guère les moyens, mais qui ont cependant toujours besoin d’un tube de vaseline au moment de l’addition.
Mais avant la caisse, avant les femmes voilées, dont même les yeux étaient quadrillés, avant la caissière, je dois le dire, à l’élégance crasse et à l’accent à couper au couteau, mais indiciblement attachante, j’étais dans les rayons. Enfin, dans ce qu’on peut appeler des rayons chez ED.
J’avais mis les tomates et le basilic dans le chariot, parce que je n’avais pas le temps d’aller à Noailles.
Je tombe sur un cadre photo noir en bois, probablement fait en Chine, ou dans n’importe quel pays crève la dalle. J’y ai instinctivement placé ta photo noir et blanc, ma photo, celle que j’avais prise dans le Gers et qui orne ton blog, putain de bordel de merde posthume, et j’ai vu que ça ferait bien. Chez moi. En moi.
Y avait pas le prix. J’ai mis les fromages dans le chariot, les boissons, tout le bordel qui rend un frigo vivant, et en passant à la caisse, j’ai été agréablement surprise par le prix du cadre. Je ne me souviens pas exactement, mais ça ne devait pas dépasser les 4 euros. C’est pas une question de prix à la base, c’est juste que j’ai vu CETTTE photo dans CE cadre. Mais je t’avoue que s’il avait dépassé les 5 euros, j’aurais été emmerdée. Tu vois, à presque 40 ans, être juste certains mois à ce point-là, c’est dur, mais ça ne mérite pas que tu ne sois plus là.
J’ai mis la photo dans le cadre. J’ai attendu trois semaines avant de la poser sur le radiateur. Odile l’a vue, parce qu’elle aime cette photo, et je me suis aperçue que je l’avais affichée pour moi, pour elle et pour toi. Je n’ai pas besoin de t’avoir sous les yeux pour ne pas t’oublier, il suffit que je sois ce que je suis, et ce que je vais devenir. Comme pour Jade : elle porte cette petite photo de toi prise à Bali dans son portefeuille. Elle ne sait pas que je le sais, enfin elle ne sait pas que j’ai fouillé : un moment d’égarement.
Je ne regrette rien, ni les bons, ni les mauvais moments, ni la séparation parce que c’était honnête.
Christian et Brigitte poursuivent leur œuvre en concrétisant ta vision. Hervé parle de toi, Paul, Alex, Odile et tous ceux que j’oublie parce qu’il est tard, mais pas assez encore pour venir danser avec toi. Est-ce que Dieu ou ses anges ont du bon matos pour rendre le bon son ? Est-ce que tu es bien ?
S’il te plaît, envoie moi un signe pour savoir s’il vaut mieux passer l’arme à gauche ou continuer à appliquer du Oil of Olaz. Ces derniers temps, j’ai des doutes.
A bientôt.
nat