samedi 31 octobre 2009

ben, rien.

C’est fou comme c’est les choses. Je déboule et je flique les mots qui arrivent. C’est à cause des souvenirs. C’est pas qu’ils se font rares, c’est qu’au lieu de dessiner des crêtes bien aiguisées, avec des gammes de couleurs follement incomptables, ils se teintent d’un flou poussivement artistiques. Le fantôme DavidHamiltonien s’immisce alors qu’on lui a rien demandé. C’est la première fois que je plante ta photo à côté pour pouvoir te parler. Les absents ont toujours tort. T’as du bol, tu t’en sors bien, puisque présent tu l’es toujours. Hamilton a beau frigorifier ses reflex (après tout c’est lui qui les paye), c’est vrai que c’est flou : je te regarde, j’essaie de t’apercevoir, mais exit Hamilton, renvoyé, obsolète, pas de petite culotte, pas de seins à deviner sous des cascades de boucles de cheveux. Ce flou-là est tranchant, aiguisé justement. Un paradoxe réservé à ceux qui se souviennent, note que je n’ai pas dit privilège, juste paradoxe, réservé, j’insiste, à ceux qui vivent avec, qui vivent sans. Tu me diras, tu fais une belle économie : les antirides coûtent la peau du cul. Plus serein, ouais, un peu, par la force des choses : un dos de 98 ans alors que t’en as 40. Le pire c’est ça : le pire c’est d’être plus prudent. Comme s’il y avait, non mais écoute moi ça, comme s’il y avait quelque chose à préserver. Dis-moi quoi, j’ai raté des épisodes.
Je roule des mécaniques mais t’as raté un truc : l’œuvre du temps. Formidable ! Il en sort de bonnes choses, mais si VRAIMENT tu veux te faire une idée, tu penses à une émission comme Histoire naturelles produite par Chef d’œuvres en péril commentée par Voisin Voisine. Grosso modo on est là. Je te dis ça pour que tu ne regrettes rien. Mais il reste encore des choses à vivre ici : je nettoie la pierre tombale, je la frotte avec une petite brosse et je rince avec l’arrosoir. J’ai apporté deux pots de plantes grasses, le genre fidèle, elles tiendront quoi qu’il arrive. On dit dans les hautes sphères (j'ai le bras long) que Dieu me le rendra. Comme disait PD, si t'as d'l'étoffe et le bras long, tu coupes les manches et ça te fait un petit boléro.
ça fait longtemps que t’es plus venu remonter mes couvertures au petit matin. Pas grave, j’ai encore le souvenir bien net d’un dance-floor en Camargue, putain de moustiques. Et de ce souvenir, j’en fais une boucle à la Herbert. Point barre.