vendredi 27 juin 2008

En juin, poudre de perlimpinpin

Tu ne serais guère étonné de voir maintenant, là où je suis et ce que je fais. Enfin je crois.

Il fait une chaleur à crever. Le ventilo brasse de l’air chaud, autant dire qu’il brasse du vent.

Lucie est finalement passée en L. Les cours sont suspendus, je ne passe plus par Gariel. L’occasion faisait le larron. Ça reprendra un peu plus tard dans l’été, et l’occasion sera à nouveau le charbon de la machine à souvenirs.
Il faut se raccrocher à des repères bien physiques, à des contours bien concrets, d’immeubles, de rues, de plages, pour charrier ton image.
Et puis d’autres fois, ça se glisse sans peine, à mon insu, une moiteur dans l’air, une musique que tu écoutais ou que tu aimerais sûrement et d’autres choses qui me traversent comme des fantômes de toi.

Je vois ta photo encadrée, se transformer comme un meuble de la maison, c’est à dire que je finis par ne plus la voir.
Mais je la regarde quand je m’attelle à ce bureau sur lequel tu écrivais, pour essayer d’écrire à mon tour en t’implorant de m’envoyer des mots, comme quand tu pries Dieu de t’aider quand t’es dans la merde.
J’ai peur de ce temps qui passe, pas à cause de l’oubli, c’est égoïste, à cause de ma vie qui me fait l’effet d’une main qui se resserre sur une poignée de sable. Celui du sablier.
C’est ta faute, tu nous rappelles trop tôt que ces trois minutes sont tour à tour trop longues ou trop courtes.
J’ai fait le tri des photos de toi, un boulot monstre, que de l’argentique à scanner une à une. Je m’étais dit que ça allait me faciliter quand j’aurais plus les mots pour te dire, ou quand j’aurais la flemme : une photo de toi, une légende et hop, rituel de la pensée, visite éclair, temps record pour le signe de croix, 1, 2, 3, 4. Amen.
Je les ai enregistrées dans le mauvais format, tout est à recommencer.

Je n'ai pas effacé ton numéro de téléphone. Comme dirait l’autre, on ne sait jamais.