samedi 2 septembre 2006

Groumf

Y2Mars
Tous les jours. Jusqu’à présent c’était tous les jours. Un acte quotidien, banal, n’importe quoi et hop t’étais là, dans un souvenir, dans le réel. Cette semaine, j’ai pensé : vendredi c’est le 1er. Toute la journée, je n’ai pas pensé à toi. Jusqu’à 23 h 45. Il ne restait plus qu’un quart d’heure. Un quart d’heure pour quoi ? pour laisser le vin que j’ai bu ce soir, m’imprégner suffisamment pour raviver la douleur que provoque ce bleu trop bleu, ce tournesol trop jaune, et toi trop vivant, sur cette photo que le hasard (qui n’existe pas soit dit en passant) m’inflige. Il y a des soirs où je voudrais oublier. Et ce soir, à un quart d’heure, j’y étais presque. Aucune culpabilité à cela. On a les limites de son corps, tu sais, bien prétentieux est celui qui prétend le contraire. Au cours de tes neuf mois d’absence, je me rappelais tout minitieusement, je provoquais les réminiscences, maintenant j’essaie de contourner, comme quand on change de trottoir et que l’on ne veut éviter la personne qui arrive en face. C’est peine perdue, Yann. Dans l’histoire de ma vie, tu arriveras toujours en face.
Neuf mois. C’était hier, et c’était il y a longtemps. Le 1er de chaque mois a autant d’importance que tous les autres. Je me suis trompée. Je préfèrerais simplement ne pas penser du tout à toi, oublier nos non dits, et que tu sois là, quelque part à t’activer.
Je suis retournée chez le boucher voleur. Après le texte précédent, j’ai pas pu m’empêcher. J’ai repris du carpaccio. Cher, mais impeccable, comme d’hab. Il m’a parlée, comme si rien n’avait changé, comme si le sablier s’était arrêté, alors que le temps continue plus vite et plus fort depuis que tu joues au fantôme.
Quand un matin morne s’avance dès le réveil, je pense à l’un de tes mots : groumf. Ca voulait dire que c’était pas la joie.
Ce soir c’est pas la joie, parce que c’est un mauvais anniversaire, l’un de ceux que l’on n’aime pas fêter, ni se souvenir. Pas plus que les souvenirs que nous avons en commun, pas ce soir. Je veux juste dormir, et rêver comme l’autre nuit, que tu viens déposer un baiser sur ma joue.
Merci pour le cadeau que tu sais.
Nat.

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