jeudi 10 mai 2007

Bouillabaisse

Comme quoi suffit d’attendre.
Tu te grattes le crâne, les yeux dans le vague, en essayant de stopper l’hémorragie de la mémoire. Tu cherches, tu t’interroges, toi, puis les objets connus. Rien. Nada. Queut’.
Au bout d’un moment, tu laisses pisser, tu vas pas te mettre à bouffer de la poiscaille tous les jours, tu sais incidemment que ça n’a rien à voir avec le phosphore.
Et d’un coup, hop ! une musique, une couleur, un machin qui te déroule le parchemin. Mais c’est épisodique. Ça l’est de plus en plus.
Mais t’inquiète, la vie se charge de tout, et en particulier de ta gueule. Et quand elle a décidé de te tomber dessus avec une frénésie de bulldozer, la mémoire te revient. C’est con, mais c’est comme ça.
Si tu as une légère tendance à vouloir comprendre ce qui t’arrive, il est préférable de choisir une période de référence suffisamment conséquente (une décennie c’est pas mal, quoiqu’un peu long, tous les cinq ans ça me paraît bien), pour retracer l’itinéraire que tu as emprunté, repositionner les sorties de route, les pneus qui crèvent, le beau chemin de campagne, on est perdu, ah non je vois une lumière. Ah non.
Tout ce qui fait le sel de la vie comme on dit. Va te baigner avec ta plaie au genou, tu vas voir ce qui te fait le sel de la vie.
Tout ce tointoin pour dire au final qu’il suffit que je me retrouve dans la merde pour que ma mémoire brille au firmament. Comme je te revois bien précis, avec tous tes contours de partout et que j’entends ta voix basse, du coup ça brûle moins ici et ici.
Si un jour on t’avait dit que tu aurais du sens, ça t’aurais ému cinq minutes, et tu serais retourné t’acharner sur le clavier.
Vieux motard que jamais.

Nat, philosophe de 1h 30 à 1h 50.

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